Depuis la crise des subprimes le
climat de défiance n’a jamais été aussi grand. Crise politique, crise
économique, crise de confiance, crise du sens, le français de toutes classes
sociales doute de la société et de l’avenir. Bercé d’illusions pendant des
années il réclame aujourd’hui qu’on lui parle vrai, authentique, franchement,
qu’on lui dise que la croissance économique
n’est pas créatrice du plein emploi, que les ressources ne sont pas infinies, qu’un
climat inaltérable et insensible à la pollution n’existe pas, que la misère et
la faim dans le monde sont évitables, que la faune et la flore sont gravement affectées
par les activités humaines, que le capitalisme ne favorise pas l’égalité des
classes, que nous ne consommons que deux tiers de notre production, que les
produits sont volontairement fabriqués pour une durée précise, que la nouveauté
à outrance n’est pas indispensable à nos vies et génère le gâchis des matières
premières, que les messages publicitaires influent sur notre personnalité et
nous rend addict à la consommation sous toutes ses formes, qu’une entreprise
sert à enrichir ses propriétaires et à appauvrir la planète, etc, etc…
Oui,
les citoyens attendent la Vérité, qu’on leur montre l’envers du décor, les
coulisses économiques des lois obscures et des stratégies marketing à l’odeur
de greenwashing. Mais ils réclament aussi la fin de l’illusion démocratique, ils
réclament des programmes politiques enfin proches de leurs attentes, des élus
agissant pour le peuple et non plus pour les groupes d’intérêts privés, les lobbyings
financiers et industriels, ils veulent que l’utilisation des fonds publics soit
plus transparente, que la vraie démocratie prône l’équité sociale, l’égalité
éducative, la formation professionnelle à tout âge, que nos élus vivent comme
n’importe quel citoyen et non dans des châteaux ou des demeures luxueuses,
qu’ils soient la représentation du peuple et se sacrifient corps et âme pour
leurs fonctions, soit à l’écoute et cessent d’accumuler mandat après mandant ou
mandat sur mandat !
Comme
vous l’aurez compris les attentes se confrontent à un grave problème : la
réalité de nos élus qui, tiraillés de toute part, font en sorte que rien ne
bouge malgré le mirage de leurs innombrables promesses. La plus célèbre des
illusions est sans doute celle de François Hollande lors de la campagne
présidentielle de 2012 : le changement, c’est maintenant ! On
l’attend tous encore. Pieds et poings liés par les puissances financières, les
décideurs politiques ne peuvent que voter des mesurettes et saupoudrer les lois
avec un sucre si fin qu’il n’a que le goût insipide de l’immobilisme.
Alors, après ce
plaidoyer au vitriol de la vérité, après cette vision acide et partielle des
maux de notre société, après une enquête sur le net et dans mon voisinage, je
vais vous parler de ce qu’attendent vraiment les citoyens, de ces attente qui au-delà de tout formatage
médiatique et politique, voire professionnelle, sont à mêmes d’améliorer notre
présent et le sort des générations futures. Pour ce faire j’ai séparé ce
chapitre en deux parties. La première concerne les attentes économiques, la
seconde les attentes politiques. Pour rester fidèle à la trame de cet essai,
c’est-à-dire son esprit tourné vers les solutions humaines et collectives, j’ai
arbitré les conflits entre aspirations individuelles et intérêt général.
A/Les attentes sur
l’économie
Bien sûr, dans un
monde orchestré par la consommation le pouvoir d’achat arrive en première
position, c’est-à-dire la croissance financière du porte-monnaie. N’étant pas
un adepte de la croissance qui a un coût exorbitant sur l’écosystème ni un
apôtre de la consommation marketing, cela reste à mon humble avis une attente
secondaire par rapport aux enjeux de demain. L’emploi tient aussi le haut de
l’affiche. Pour moi il est bien plus important que la croissance du
porte-monnaie. L’emploi concerne tout le monde, préoccupe ceux qui en sont
dépourvus. Le cursus scolaire détermine le futur emploi. Sans diplôme pas de
travail ou un job au rabais. Avec diplôme pas sûr de trouver un emploi dans sa
branche, problème récurrent d’un système éducatif formant des mentalités
rigides dans le sens d’un savoir unique et surqualifié. Le problème majeur est
que l’emploi dépend de la croissance, donc pas de croissance, pas de nouvelles
créations de postes ; il faut 1.5% de croissance pour créer de nouveaux
emplois. Un chiffre inférieur créé des milliers de chômeurs supplémentaires. On
constate donc la faillibilité de ce système se basant sur la croissance, donc sur
une consommation supplémentaire. Si les attentes citoyennes se portent sur des
emplois en rapport avec leur cursus scolaire (et là tout se complique), elles
souhaitent aussi donné une valeur supplémentaire, un sens, une utilité à
l’emploi recherché. Bonne transition donc pour parler de la planète.
4
personnes sur 10 avouent se préoccuper de l’avenir de la planète. Une économie
prenant soin de l’environnement est ainsi plébiscitée et beaucoup pensent
qu’elle n’est pas compatible avec une économie capitaliste dont le seul but est
de faire du profit, quel qu’en soit les moyens.
L’idée d’une économie
verte et d’un développement durable a du mal à se frayer un chemin. Une
majorité estime qu’il s’agit là d’un leurre pour détourner l’attention de ceux
qui désirent un réel changement de politique économique. Ainsi ils sont
nombreux à penser que cette économie verte est une économie capitaliste déguisée
et dirigée par les mêmes groupes d’individus ayant des intérêts dans des
entreprises cotées ou polluantes. 19% des sondés préfèreraient devenir acteur
du changement et n’attendent rien ni des politiques ni des entreprises. Bien vu
puisque seulement 8% des entreprises se disent prêtes à prendre des mesures
pour sauvegarder l’environnement mais estiment toutefois que ce rôle est dévolu
à l’état !?
Les citoyens attendent aussi de
l’économie une réduction de l’écart entre les classes sociales en redistribuant
mieux les richesses, une économie tournée vers l’humain, une économie pleine de
bons sens et de valeurs, une économie transparente où les produits et services
seraient transparents, bons pour la santé, tremplins d’un avenir radieux. En
d’autres termes ils attendent de l’économie soit un miracle, soit une
redéfinition…
B/Les attentes sur
la politique
Dire
que les citoyens n’attendent plus rien de leurs élus relève soit de l’ironie,
soit d’une bien triste réalité. A l’image de la religion et de ses sites
désertés, beaucoup de citoyens ont perdu foi en leurs représentants. Les doutes
s’accumulent sur leur intégrité (affaire Cahuzac, Woerth, Dassault) et sur l’utilisation
opaque des fonds publics. La transparence est donc réclamée.
D’après un sondage Harris
Interactive/La Gazette publié le 28 mars 2013 90% des citoyens accordent plus
d’importance aux enjeux locaux qu’aux enjeux nationaux. Mais la confiance dans
les élus locaux a toutefois tendance à s’effriter. Selon ce même sondage seul
43% des français ont le sentiment que leurs élus sont proches de leurs préoccupations.
Fossé creusé par le sentiment que les élus sont trop différents d’eux. Les
thématiques jugées prioritaires pour le corps électoral sont la sécurité, le
développement économique (emploi), l’action sociale, l’école, les services
publics, les finances publiques (dettes), finances privées (pouvoir d’achat).
Une
défiance de plus en plus importante (51%) à l’égard de l’état et des collectivités
(malgré une accentuation des moyens de communication afin de communiquer leur transparence ?!)
s’installe dans le paysage électoral français et les citoyens préfèrent
maintenant se tourner vers les associations de consommateurs et
environnementales pour faire accélérer les mutations.
Le
rôle de l’état est attendu comme principal acteur pour son rôle de
coordinateur, d’animateur, d’organisateur du changement mais seulement 18%
(autant que syndicats ou organisations professionnels) lui font confiance pour mener
à bien les tâches d’un développement plus juste de la société.
Ce
changement, ce développement, certains désirent s’en charger eux-mêmes par une
participation accrue au niveau local et régional. Malheureusement les élus ne
sont pas prêts à partager leurs pouvoirs et la société s’installe dans un
immobilisme nauséabond qui dessert toujours les mêmes intérêts, ceux des
puissances argentées.
Conclusion
Les attentes sont
nombreuses, importantes, latentes, le climat de défiance et de suspicion
progresse au fur et à mesure que les affaires politico-financières se révèlent
au grand jour et que la précarité gagne les rues et obligent les individus à se nourrir dans les poubelles malgré un gâchis de 33% de la production mondiale. Et pendant que j’écris ces lignes, pendant que certains parlent,
se querellent sur la conduite à tenir, et que d’autres s’écrient ou s’ébrouent,
manifestent dans la rue ou les champs, l’immobilisme politique étend toujours
plus sa gangue nauséeuse sur les jérémiades incessantes et inaudibles du peuple
qu’elle n’entend pas ou ne veut plus entendre. Alors l’évidence se fait jour,
alors l’état est peu à peu désavoué au profit des associations les plus
susceptibles d’accompagner un changement tourné vers la solidarité et le
respect des individus. Sans oublier notre maison à tous, l’environnement.
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